Depuis plusieurs années, les territoires font face à de nouveaux besoins en matière d'urbanisme, cherchant à concilier le développement urbain avec la préservation de l'environnement et la qualité de vie des habitants. Des approches novatrices émergent, mettant l'accent sur la participation citoyenne, la durabilité des projets et la création d'espaces urbains inclusifs et harmonieux pour répondre aux défis de l'urbanisation croissante. Privilégiant le dialogue entre la collectivité, les aménageurs et les riverains, l’urbanisme négocié apparaît comme une solution appropriée pour aborder ces nouvelles problématiques territoriales.

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Répondre aux nouveaux besoins des territoires

Les projets d'aménagement urbain sont de plus en plus complexes et multifonctionnels car ils doivent s’adapter à de nombreux enjeux sociétaux : la densification urbaine, la durabilité des ressources, la mixité économique et sociale, l’amélioration de la qualité de vie, etc. Pour répondre à ces besoins, les aménageurs ont mis en place une nouvelle méthode : l’urbanisme négocié.

Entre co-construction et synergie, l'urbanisme négocié est une approche de planification urbaine qui implique la participation et la négociation, entre la collectivité et les aménageurs, dans le but de définir les modalités de développement urbain d'un territoire spécifique. Cette collaboration, pour fonctionner dans les meilleures conditions, doit être une véritable synergie. Chaque acteur apporte une vision précise du futur quartier à réaliser et doit également être ouvert au principe de co-construction, à l’écoute des besoins et des faisabilités. Un projet d’aménagement pensé et conçu à travers l’urbanisme négocié est un projet collectif, un projet « sur-mesure » qui correspondra parfaitement au territoire.

« Ces 20 dernières années, avec le Plan Local d’Urbanisme (PLU), les collectivités étaient disposées à ouvrir de nouvelles zones d’urbanisation pour les opérations d’aménagement. Nous, en tant qu’aménageurs, nous construisions là où il y avait du marché avec des projets déjà tout ficelés. Aujourd’hui, les règlementations et les méthodes de travail sont différentes : nous avons tout intérêt à co-construire nos opérations ensemble, aménageurs, élus, riverains, etc. L’urbanisme négocié est un dialogue qui permet de lever les problématiques au fur et à mesure de l’avancée du projet » explique Hugues Beslin, Directeur Adjoint chez Crédit Mutuel Aménagement Foncier. L’acceptabilité du projet sera ainsi facilitée du fait de sa co-construction et le temps de son élaboration, nécessairement plus long, sera largement compensé par la minoration des risques de recours contentieux.

Réinventer l'urbanisme vers une approche horizontale

Agilité, transparence, innovation et co-construction, les méthodes de travail pour un urbanisme négocié se détachent des habitudes rigides et unidimensionnelles de planification urbaine qui dominaient autrefois. En incorporant la co-construction, la participation démocratique et la recherche constante d'un consensus, ces méthodes témoignent d'une démarche plus participative et inclusive. Elles transcendent les clivages entre les différentes parties prenantes et encouragent un dialogue constructif, tout en tirant profit des expertises variées des acteurs impliqués.

Mathias Wisniewski, Directeur d’Agence Crédit Mutuel Aménagement Foncier à Lyon souligne avec pertinence que « le montagne participatif des dossiers est une méthode vraiment efficiente. C’est une logique qui demande plus de temps et qui est plus coûteuse, mais qui doit tout de même être valorisée. C’est vraiment dans l’ère du temps, nous voulons casser l’ancienne démarche verticale ou descendante pour travailler en horizontalité. Un projet pensé à travers l’urbanisme négocié correspondra nécessairement aux besoins du territoire ».

Le succès de l'urbanisme négocié réside dans sa capacité à briser les schémas traditionnels et à favoriser une approche plus horizontale. L'harmonisation des intérêts divergents au sein d'un processus collaboratif génère des solutions qui sont à la fois pragmatiques et innovantes. En favorisant l'agilité, l'adaptabilité et l'implication de tous les acteurs, l'urbanisme négocié ouvre la voie à une urbanisation répondant aux objectifs du développement durable. Ce nouveau paradigme transforme ainsi notre manière de penser les villes et offre un avenir urbain où le développement répond aux besoins du territoire.

Focus : l’Ecoquartier de Chambord à Belleville-en-Beaujolais (69)

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Un défi écologique pour Belleville-en-Beaujolais

Lancé en 2020, le dispositif « Petites Villes de Demain » a été mis en place par l’État pour aider les villes de moins de 20 000 habitants à relever les défis auxquels elles sont confrontées en termes de développement économique, d'attractivité, d'infrastructures et de services. L'objectif principal est d'améliorer la qualité de vie dans ces petites villes tout en préservant leur caractère rural et en encourageant la durabilité.

Belleville-en-Beaujolais étant éligible à ce dispositif, la collectivité a été accompagnée autour de 3 piliers moteurs :

  • Le soutien en ingénierie pour définir et mettre en œuvre un projet de territoire,
  • L’accès à un réseau pour favoriser l’innovation, l’échange d’expériences et le partage de bonnes pratiques entre les différents acteurs du programme,
  • Des financements sur des mesures thématiques ciblées.

À la suite de ce programme, la collectivité s’est engagée dans un projet urbain extrêmement ambitieux sur le plan écologique : « Belleville-en-Beaujolais, ville bioclimatique et positive d’ici 2035 ». Un des enjeux prioritaires de cet engagement est de développer la ville tout en limitant l’étalement urbain, afin de préserver les espaces naturels et de valoriser le territoire. Avec plus de 10 hectares en dent creuse, le site de Chambord se révèle être l’opération parfaite pour répondre à la forte demande de logement tout en intégrant les nouveaux engagements de la commune.

Une méthodologie au service des usages

Le projet du futur écoquartier Chambord a été imaginé par la commune et le Crédit Mutuel Aménagement Foncier, retenu suite à un appel d’offre en 2020. Ce travail de co-construction a débuté par la rédaction d’un plan-guide soulignant l'importance de la compréhension du territoire. « Pour répondre au projet d’aménagement du quartier Chambord, nous avons décidé de nous connecter au réel afin de concevoir un territoire au plus proche des besoins. En tant qu’aménageur, on ne crée pas ex nihilo, mais on s’insère dans un tissu déjà vivant avec un patrimoine, un style architectural et des usages » précise Mathias Wisniewski, en charge du projet.

Le futur maître d’ouvrage a ainsi mis en place une méthodologie en deux phases pour affiner et nourrir sa connaissance du territoire :

  • Organisation de plusieurs ateliers de travail avec la collectivité afin de définir les besoins du territoire et des élus,
  • Enquêtes de terrain, avec un bureau d’études assistant à maîtrise d’usages, pour comprendre les habitudes des riverains.

« L’urbanisme négocié n’est pas un procédé facile à gérer, mais il permet de nous affirmer en tant que levier opérationnel pour les territoires. Notre travail est de trouver des solutions, de nous adapter et même d’améliorer l’existant, de le rendre encore plus vertueux » ajoute Mathias Wisniewski. C’est d’ailleurs tout à fait le cas pour le futur écoquartier Chambord, les plans ont évolué depuis les premières esquisses: la densité a été réhaussée (350 logements) et un lot destiné à voir émerger un initiative communale a été inclus au projet.

Focus : le Fief de Beauvais à Périgny (17)

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Un modèle d’urbanisme négocié transparent

Ces dernières années, l'agglomération de La Rochelle a gagné en popularité grâce à son cadre de vie très attractif. Cependant, cette popularité combinée à une diminution des terrains constructibles a créé une forte pression sur le marché immobilier, rendant ainsi difficile l'accès au logement pour les ménages résidant dans ce territoire.

Les sociétés Crédit Mutuel Aménagement Foncier et Bouygues Immobilier ainsi que l’Office Public de l’Habitat de l’Agglomération de La Rochelle se sont regroupés pour entreprendre un projet d'aménagement baptisé Fief de Beauvais. Ce projet vise à développer environ 450 logements sur une superficie de 9 hectares. La collectivité a fait le choix de se tourner vers l’approche de l’urbanisme négocié, laissant aux opérateurs privés l’initiative de cette opération d’aménagement.

Cette démarche repose sur une gouvernance partenariale forte, bâtie autour d’une une relation de confiance mutuelle entre les porteurs du projet et la collectivité. « Ensemble, nous avons mis en place un système inclusif et transparent avec des ateliers tous les 15 jours. Nous n’avons pas eu besoin de mettre en place un système de vote, chacun partage sa vision et ça se passe très bien » explique Sophie Hugelé Directrice d’Agence Crédit Mutuel Aménagement Foncier à La Rochelle. Promoteur, bailleur social et aménageur. La coexistence de ces 3 expertises autour d’un même projet permet de garantir la réalisation d’un programme avec des ambitions partagées.

Une conception urbaine vertueuse et transversale

Au regard des hautes ambitions politiques et des nouveaux critères réglementaires d’urbanisation, ce projet élaboré en concertation avec des acteurs variés du secteur privé, public et les résidents de Périgny, aspire à devenir une opération d’aménagement exemplaire en termes de gestion des formes urbaines, de qualité des espaces publics et de lisibilité et pérennité de la présence végétale. « Concevoir une opération à travers une méthode de co-construction et en collaboration avec la collectivité augmente nécessairement les ambitions du projet. Les élus sont exigeants et nous permettent de pousser les curseurs au maximum pour faire émerger un quartier en cohérence avec leurs besoins » ajoute Sophie Hugelé.

Ainsi, en concertation avec la municipalité et l'agglomération de La Rochelle, 4 ambitions majeures ont été identifiées afin de mener la planification urbaine :

  • Le végétal au cœur de la composition du quartier,
  • La sobriété dans la conception urbaine et architecturale,
  • L’implication des habitants dans la co-construction et dans la gestion de leur quartier,
  • Un travail sur la densité, avec la préservation des intimités de chacun.

Véritable fil rouge de ce projet, ces quatre ambitions directrices témoignent d’un développement urbain réfléchi, respectueux de l'environnement et centré sur les besoins de ses résidents. Elles ont permis de définir les grands axes d’aménagement du projet tels que : des places-jardins, une grande traversière plantée, des jalons verts, des voies de desserte partagées, une gestion intégrée des eaux pluviales, etc.

Des projets connectés au réel

La méthode novatrice de l'urbanisme négocié répond aux défis contemporains de l'aménagement du territoire en mettant l'accent sur la collaboration entre les différents acteurs. Cette méthode favorise une co-construction entre les aménageurs et les collectivités, permettant ainsi de concevoir des quartiers en adéquation avec leurs besoins réels.

Les exemples de Chambord à Belleville-en-Beaujolais et du Fief de Beauvais à Périgny illustrent comment cette approche s'ancre dans la réalité existante et favorise des quartiers adaptés, respectueux de l'environnement et des besoins des citoyens. « En tant qu’aménageurs, on ne vient pas avec un produit préconçu qui pourrait être implanté dans n’importe quelle commune. L’urbanisme négocié exprime une volonté de co-construire avec la collectivité afin de faire émerger des quartiers adaptés aux usages » souligne Hugues Beslin.

En transcendant les méthodes traditionnelles, l'urbanisme négocié instaure une démarche démocratique et inclusive, propice à l'émergence de solutions durables.

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